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Titre du blog : Entente des Albères
Auteur : freedo
Date de création : 27-04-2008
 
posté le 25-02-2009 à 21:38:27

L'angoisse du gardien de but....

La psychologie économique n'a de cesse de nous démontrer que les gens font souvent des choix peu rationnels -- au sens de la rationalité en finalité (*). Même quand les enjeux sont considérables et que les individus concernés ont l'expérience de ce genre de situation. C'est typiquement le cas du gardien de but au moment du penalty. L’enjeu est considérable, puisqu'un arrêt peut sceller le sort du match. En deux ou trois dixièmes de secondes, le gardien doit décider s’il plonge à droite, s’il plonge à gauche, ou s’il ne bouge pas -- ie s'il reste au milieu. La décision du tireur et celle du gardien étant quasi-simultanées, l’incertitude est totale. Comment se comporte le gardien de but au moment du penalty ?

Pour le savoir, une équipe de psychologues israéliens a étudié 286 penaltys, en Coupe d’Europe ou en Coupe du Monde (**). Dans 94 % des cas, les gardiens ont choisi de plonger d’un côté ou de l’autre. Ils ont choisi de ne pas bouger dans seulement 6 % des cas, alors même que 29 % des penaltys ont été tirés au milieu.
La stratégie la plus efficace consistait donc à ne pas bouger. Sur les 286 penaltys tirés et cadrés, le gardien a plongé à gauche 141 fois, dont 20 avec succès (soit un taux de réussite de 12,6 %) ; il a plongé à droite 91 fois, dont 16 avec succès (taux de réussite : 14,2 %). Enfin, il a choisi de ne pas bouger (rester au centre) 18 fois, dont 6 avec succès (taux de réussite : 33.3 %). .

 
Si la probabilité d’arrêter le penalty est la plus grande quand le gardien ne bouge pas, comment expliquer qu'il choisisse de plonger 94 fois sur 100 ? La raison est très probablement la suivante : la décision du gardien est biaisée par une forte préférence pour l’action (action bias). Dans un contexte où la norme est qu’il faut faire quelque chose, le gardien choisit d’agir : il plonge, tantôt à gauche, tantôt à droite. De cette façon, même s’il n’arrête pas le penalty, il pourra toujours se dire qu’au moins il a fait quelque chose. A l’inverse, s’il choisit de ne pas bouger, et qu’il encaisse le but, il aura l’air idiot -- éventuellement, le public, ses copains le chambreront --, et ses regrets seront plus grands. Autrement dit, tout se passe comme si un but encaissé sans bouger était plus dur à digérer qu’un but encaissé en bougeant.

Ce type de biais affecte nos décisions dans de nombreux domaines, avec des conséquences parfois beaucoup plus graves. Ainsi, en politique, les préceptes du queuillisme (***) ne valent qu’en période de prospérité. En temps de crise, ne pas agir est le meilleur moyen de perdre les élections. Pourtant, au vu des conséquences parfois désastreuses des décisions prises sous la pression du public, le mieux est souvent de ne rien faire. Le Washington Post donne l'exemple de la guerre en Irak. Après le 11 septembre, les dirigeants américains se sont sentis obligés de faire quelque chose. De ce point de vue, la position d'Hillary Clinton est révélatrice du climat de l'époque. Le 10 octobre 2002, au Sénat, elle justifiait en ces termes l'emploi de la force contre Saddam Hussein : « si l’on pèse les risques de l’action et ceux de l’inaction, j’estime que les New Yorkais, qui ont vu récemment les flammes de l’enfer, sont plus sensibles aux risques de ne rien faire. Je sais que je le suis ». (****)
Notes, sources et documents : cf. L'Antisophiste
 

Commentaires

freedo le 26-02-2009 à 22:10:22
Après la série de pénalties tirés ce soir lors du match Twente - OM les gardiens ont plongé à tous les coups.

Résultats: 9 buts encaissés sur 9 tirs cadrés. le 3ème tireur de l'OM a tiré au milieu et a marqué. Si le gardien de Twente n'avait pas plongé, l'OM aurait perdu.

La thèse précédente semble avérée!
freedo le 25-02-2009 à 22:36:44
A méditer pour les deux Fred, Maurice, Kevin ..et les autres gardiens du club!!!

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